11 novembre 2015
A Abidjan, aux heures de pointe, le client perd sa couronne
A Abidjan, se déplacer prend des allures d’énigmes conçues pour personne au QI impressionnant. Le vrai casse-tête abidjanais tout simplement. Les heures de pointe, le matin (7h30-9h) et le soir (18h30-20h), représentent un véritable supplice pour le client. Lui qui est censé jouir de tous les privilèges, se voit très souvent martyrisé par son bourreau-serviteur : le chauffeur.
N’est-il pas dit que le client est roi ? Quand sonne cette tranche d’heure, la formule change radicalement et la couronne se pose délicatement sur la tête de monsieur le conducteur. Dès cet instant, c’est lui qui impose les règles du jeu.
L’embouteillage, le bouc émissaire
Les transports en commun ont pour avantage de réduire un tant soit peu, les dépenses des usagers en matière de déplacement. Les déplacements en gbaka, ainsi qu’en woro-woro, occupent une place de choix dans les habitudes des abidjanais. De ce fait, pour des raisons que seuls les chauffeurs sont capables de comprendre et surtout d’expliquer, il leur arrive de faire la pluie alors que le ciel est beau et ensoleillé. Leur politique de prix est bien difficile à comprendre. Avec des tarifs qui varient au fil des heures, on se demande bien si offrir un « service » a encore de la valeur. Pour justifier cette fluctuation qui frise l’arnaque, la raison trouvée est la présence des embouteillages. Pourquoi faut-il que ce soit le client qui supporte alors ce désagrément ? Difficile de trouver une réponse à cette question, toujours est-il que les transporteurs ont leurs méthodes bien à eux pour faire payer plus au client.
Segmentation du trajet
Les objectifs ne sont visiblement pas les mêmes. Alors que le client, soucieux de ne pas avoir à se justifier devant son employeur, cherche par tous les moyens à se rendre sur son lieu de travail, les chauffeurs eux veulent faire caisse pleine. Exigence des propriétaires de véhicule ? Mieux vaut ne pas chercher à savoir. Pour y arriver, il faut trouver des stratagèmes aussi ingénieux que malhonnêtes. Sinon comment expliquer qu’aux heures de pointe, le trajet qui se parcourait avec un seul véhicule exige que vous en empruntiez deux. Dès lors, vous vous retrouvez avec une note deux fois plus salée que la normale. Illustration :
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Pour le trajet Cocody-Angré woro-woro facturé normalement à 300 F CFA, une segmentation du trajet en deux portions vous obligera à payer 250 F CFA pour chacune d’elles. Ainsi, Cocody- 2 plateaux (Sococé) 250 FCFA, puis 2 plateaux-Angré 250 F CFA.
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Pour le trajet Adjamé-Abobo en gbaka qui est facturé à 200 F CFA, le double trajet vous imposera de payer 200 F CFA pour la portion Adjamé-Zoo, puis la même somme pour l’autre portion.
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Pour le trajet Riviera 2-Angré en woro-woro dont le coût est de 300 F CFA, vous n’aurez pas d’autre choix que de « décomposer » en suivant cette logique : Riviera 2 – Attoban (200 F CFA), puis Attoban-Angré (200 F CFA).
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Et la liste est longue
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