M.C Agnini

Et Blaise se fit hara-kiri au «pays des hommes intègres»

Blaise était bien naïf de se laisser prendre au piège. Mais de quel piège parle-t-on ? Un piège façonné minutieusement, 27 années durant. C’est long n’est-ce pas ? Mais quand on tient les rênes du pouvoir depuis 1987, cela fait bien 27 années de règne. Et Blaise ne s’est pas – suffisamment – gavé de toutes les largesses dues à son rang de super président de la République, de médiateur continental. Visiblement, il en voulait encore. « Le pays des hommes intègre » semblait en avoir marre, cette fois-ci c’était la tentative de trop.

Blaise_Compaoré

 

Blaise, le super président…

Ils sont donc encore d’actualité ces chefs d’État qui considèrent le fauteuil présidentiel comme une chaise royale ? Il n’y aurait donc que la mort qui pourrait mettre fin à leur règne ? Blaise était de ceux-là, il est était le prototype même ! Sinon comment ne pas comprendre qu’après tout ce temps il était pour lui l’heure de partir, oui partir par la grande porte comme le dirait l’homme de la rue. De cette catégorie par contre, Blaise n’était pas. Son appétit n’avait pas encore été assouvi et, lui avait d’autres ambitions. Alors il tenta le coup de force, le coup de grâce.
Et puis depuis qu’il était à la tête de ce pays, les coups d’Etat avaient bien cessé, n’est-ce pas ? Il y avait la stabilité, pas vrai ? Le pays se portait bien, l’avez-vous aussi constaté ? Les populations n’avaient qu’à lui accorder leur confiance une fois de plus. S’il n’ avait pas déçu le peuple  depuis tout ce temps, ce n’est pas aujourd’hui qu’il le ferait. Il fallait pour cela que l’Assemblée nationale l’aide à tordre le coup, que dis-je, à recadrer la Constitution. Un certain article 37. Découvrez son abécédaire ici .

27 ans de règne, la soixantaine passée et l’article 37 dans le viseur…

Blaise visait-il les 37 ans de pouvoir, de règne ? Il lui aurait fallu encore deux quinquennats. Rien n’est certain. Toujours est-il qu’il visait cet article, il comptait même le faire réviser. Ne l’avait-il pas déjà fait par deux fois (1997 et 2000 ) ? A un peu plus de 60 ans avec dans son palmarès 27 ans de règne, Blaise ne pouvait être tenté par autre chose que l’article 37. Mais comme le dit si bien l’adage :  » On peut tromper une fois mille personnes, mais pas mille fois une personne « . Oui le peuple quand il en a marre devient un, uni et déterminé. La grande majorité des jeunes (les 15-25 ans), n’ont connu d’autre président que le super Blaise, à un moment, rompre avec le train-train quotidien, surtout quand ce dernier semble avoir pris du plomb dans l’aile, est une tentation à laquelle on finit par céder. Le clivage générationnel finit par faire tout seul son effet. Blaise venait là de planter le décor.

Une situation qui était pourtant prévisible…

Mais comment s’était-il arrangé pour ne pas les voir venir ces représailles. Comment avait-il pu être aussi dupe notre très cher Blaise ? Folie des grandeurs ? Boulimie du pouvoir peut-être. Naïveté ou plutôt hara-kiri politique ? Toujours est-il que ce qui devait arriver arriva. Et le pauvre Blaise se sentit contraint de dissoudre le gouvernement, de déclarer l’état d’urgence, de donner sa démission… Euh nous allons vite en besogne, nous n’en sommes pas encore à ce dernier point. Quoique le pouvoir semble se dessiner dans le rétroviseur pour notre super président.
Face à tant de gâchis qui auraient pu être évités si notre super président avait fait montre de sagesse et de réalisme, on réalise que le pouvoir semble avoir un pouvoir qui n’est compréhensible que par ceux qui ont les rênes du pouvoir. Jetez un coup d’œil à côté, certains voisins vous le confirmeront.

9896838833_2c314a1297_z

Et demain ?

Et quand le soleil tente de se coucher sur Ouaga, sur Bobo, on se demande de quoi sera fait demain, car  » au pays des hommes intègres « , chaque jour a son lot de dignité à préserver. Cette dernière, Blaise ne l’avait sûrement pas comprise.


Abidjan : Incursion dans une ville aux multiples facettes (1)

Cité cosmopolite, la ville d’Abidjan, capitale économique de la Côte d’ivoire, comporte plusieurs quartiers tous aussi différents les uns des autres. Et ce sont toutes ces différences qui font de « babi » une ville si particulière que certains considèrent comme « le plus doux au monde ».

Plateau commune

Adjamé et Plateau, deux communes similaires par leurs différences

Lorsque vous vous engagez sur le boulevard de la corniche dans la commune de Cocody, et que vous longez la voie jusqu’à la caserne des sapeurs pompiers, deux options s’offrent à vous : si vous virez sur la gauche vous prendrez la direction de la commune du Plateau, par contre si vous avez des penchants de droitier, c’est la commune d’Adjamé qui vous ouvrira ses portes. Deux centres des affaires, dos à dos.
J’avoue que personnellement j’hésite, alors je vous donne un petit instant afin que vous puissiez vous décider. Alors votre choix est fait ? Tout à fait d’accord avec vous, virons donc à droite (il parait que ça porte bonheur), direction la commune d’Adjamé.

Bienvenu à Adjamé

Dès que vous entrez dans cette commune, vous êtes attiré par le nombre impressionnant de personnes qui s’y trouvent. Tout le monde se déplace pour on ne sait quelle direction. Le désordre qui y règne est organisé.
Les vendeurs à la criée règnent en maitres absolus. Quelqu’un disait un jour : « si tu cherches à acheter quelque chose et que tu n’en trouves pas à Adjamé, cela veut dire que cette chose n’existe pas encore. » Tout est dit, dans cette commune il se vend presque tout, encore faut-il savoir où et comment trouver ce que l’on recherche. Les étalages sont organisés selon la nature des articles vendus, un peu comme par secteur d’activité.
A « roxy » par exemple, vous trouverez des médicaments de tout genre, il n’y a qu’à demander. A dire vrai, les bonnes dames qui les vendent s’y connaissent. Lorsque vous leur décrivez le mal dont vous souffrez, elles vous diagnostiquent, dans certains des cas, le mal qu’un médecin vous aurait diagnostiqué, aussi soyez en rassuré, l’ordonnance n’en sera pas si différente. Cependant, la conservation de ces médicaments laisse à désirer, confrontés aux intempéries sans aucune protection, il est clair que les propriétés chimiques risquent fort de changer. Aussi l’on ne peut jamais être persuadé de se trouver en face de la bonne prescription médicamenteuse.

Le shopping c’est aussi ça 

Si vous faites un tour au « black market », comme son nom l’indique, vous risquez d’alimenter les caisses de la recèle. Mais gardez votre sérénité, ils vous persuaderont que le téléphone ou encore l’ordinateur que vous êtes sur le point d’acheter a été vendu en « ken ». Eh oui ! chez moi à Abidjan on vend en « ken », cela consiste à une vente sur la base de la confiance, aucun reçu, aucun papier, juste un consensus formel. Ayez le sens de la discussion, ici ce n’est pas un supermarché, encore moins une pharmacie, on fini (toujours ?) par s’entendre. Une dernière chose, avant de quitter votre vendeur, n’oubliez pas de vérifier par deux fois que vous êtes bien en possession de votre « bonne affaire » du jour, car ici, la magie s’opère très souvent, une fois à la maison, votre Smartphone peut se transformer en pierre, eh oui ! C’est aussi ca les méthodes appliquées ici.

Adjamé-marché-lautre-regard

Vous commencez à afficher un air de nervosité, c’est surement dû à tous ces cris et ce monde un peu trop chaleureux que l’on croise à tout bout de champ. Pas de panique, nous aurons certainement du mal avec le boulevard « Nangui Abrogoua », où les piétons aiment bien à ignorer les voitures, mais nous arrivons sans encombre, avec beaucoup de coups de klaxons, dans la commune du Plateau. Autant dire que le conducteur qui arbore encore l’étiquette « ATTENTION NOUVEAU CONDUCTEUR, SOYEZ INDULGENTS » doit éviter cette commune. Comme convenu, nous virons dans la commune du plateau.

La suite dans la deuxième partie