M.C Agnini

La rentrée : la préparer ou se faire manger #MondoChallenge #LaRentréeDesClasses

Période redoutée. Période attendue. Période de craintes. Période fabuleuse. La rentrée demeure un moment particulier, peu importe la casquette qu’elle porte. Et cette casquette se choisit, sinon s’impose en fonction du rôle que l’on a à jouer dans le déroulement de cette rentrée. Parler de celle que je connais le mieux, la rentrée scolaire, m’invite à faire une rétrospection dans une zone de ma mémoire restée intacte malgré le temps qui passe.

Préparer la rentrée… un casse-tête ! 

Dès l’entame des vacances, la rentrée demeure une évidence dont l’ombre plane sur les jours qui se succèdent, qu’ils soient guais ou non. On vit les vacances en essayant de se défaire de la hantise de la rentrée qui s’annonce en grande pompe. Pour la plupart des parents, le temps pour préparer la prochaine rentrée n’est jamais assez. La rentrée scolaire, est à juste titre un piège qui s’évite difficilement.

Dans mon pays, les années passent et se ressemblent. Les rentrées scolaires aussi. Il paraît que les habitudes ont la peau dure. Ici, celles des mauvaises habitudes le sont plus encore. Résultat, on se laisse toujours surprendre par la rentrée des classes. Pourtant, cette période, nul est le besoin de le démontrer encore, rime avec dépenses et situations imprévues.

Situation vécue un peu par hasard

J’ignore si c’est le hasard qui a permis cette coïncidence mais les faits que je vais relater se sont produits alors que je m’apprêtais à pondre ce billet. On dit merci qui ???

Dans l’ascenseur, j’ai été fait acteur – malgré moi – d’une écoute indiscrète entre deux individus. L’un certainement un cadre supérieur, au vu de son accoutrement, de sa bedaine, triplé de son air de condescendance qui refusait de cesser d’attirer l’attention. Et l’autre, ouvrier – son uniforme ne pouvait dire le contraire – homme apparemment sans histoire que le système ne se dérange pas de ranger au rang des oubliés. La discussion qui s’engagea entre eux concernait, vous l’avez sûrement deviné, la prochaine rentrée scolaire. L’ouvrier entama l’échange, du moins lorsque je les pris en marche (sans jeu de mot avec l’ascenseur) :

– Actuellement c’est difficile hein, avec la rentrée là

– …. Silence du cadre supérieur

– Tu vas payer les fournitures des enfants, leurs habits, les habits de madame… Se plaignit l’ouvrier

– Moi j’ai déjà fini de gérer tout ça depuis, répondit le cadre supérieur avec une fierté impossible à masquer

– …. Le silence de l’ouvrier s’était désormais vêtu de la toge de l’admiration

– Tu sais, nous qui avons nos enfants dans les écoles privées là, on fait les choses rapidement…

La dernière phrase portait en elle les germes de la vérité d’une part, mais aussi celles de l’accusation. Le cadre supérieur venait ainsi de faire comprendre à l’ouvrier qu’une rentrée ça se prépare. Lui, bien qu’ayant à payer la scolarité de ses enfants inscrits dans une école privée, synonyme de coût élevé, avait tout de même réussi à le faire. Est-ce parce qu’il est fortuné ? Pas forcement. Tout est une question d’organisation. Personne n’osera dire qu’il faut avoir beaucoup d’argent pour apprendre à planifier. La rentrée se prépare dès le dernier jour de classe, mais bon… n’oublions pas que les habitudes ont la peau dure.

La rentrée… c’est le temps des retrouvailles 

Bien loin de l’anxiété des parents, l’heure est à l’explosion de joie chez les élèves. La rentrée scolaire est le moment, par excellence, des retrouvailles après de longs mois d’absence. C’est alors l’occasion indiquée pour se montrer sous sa plus belle apparence. De l’uniforme scolaire, aux paires de chaussures, en passant par les accessoires additionnels (bijoux, smartphones etc y passent), tout doit être choisi avec beaucoup d’attention pour paraitre en phase avec la rentrée. D’ailleurs qui parle de rentrée fait allusion à un nouveau départ. Malheur donc à qui s’affichera avec ses vieilleries de l’an précédent. La frustration qu’on peut ressentir en pareilles circonstances  laisse des traces bien profondes.

La rentrée est un moment fabuleux qui donne des nuits blanches aux parents d’élèves. Dans un pays ou tout tant à augmenter en dehors des salaires, arriver à assurer la rentrée avec aisance exige bien de sacrifices de la part des parents, mais aussi de la compréhension de la part des élèves. Lorsque la situation se corse, les pas peuvent trainer, chacun faisant sa rentée de classe en fonction de la teneur de sa poche.


#MondoChallenge : pas très net, un monde sans internet !

Un monde sans internet ne serait certainement pas une catastrophe. Mais tout indique qu’il ne serait pas ce monde que nous connaissons aujourd’hui. Les échanges se feraient différemment, le monde serait différent et il faudrait pour ainsi dire, le reconfigurer. Un monde sans internet, on s’y plongerait avec méfiance, comme je le fais à travers ces lignes.

C’est au cœur d’un exercice, que j’ai voulu on ne peut plus réaliste, que je me suis lancé. Avant la rédaction de ce billet, je me suis donc coupé d’internet : aucune recherche, aucune consultation en ligne, aucune référence qui exige une navigation sur la toile. Tout ce qui sera mentionné ici n’est donc que le concours de ce que ma mémoire m’a permis de conserver au fil du temps. L’exercice est fastidieux mais très instructif. Et surtout, il se fait à l’abri d’internet.

Un réveil sans internet, la galère, ou presque

Sans internet, chaque matin à mon réveil, je gagnerais surement une trentaine de minutes. Cette vilaine habitude, comme beaucoup d’entre vous, je l’ai acquise et adoptée à mes dépends. Désormais, impossible pour moi de quitter le lit, sans avoir fait un tour d’horizon pour consulter ce que le monde a fait durant mon sommeil. Et rien de plus efficace qu’internet pour me donner de quoi satisfaire ma grande soif. Boite mail, statistiques de blogs, flux rss… tout y passe. De plus, il a fallu que les réseaux sociaux se mêlent à la chorégraphie déjà si vertigineuse. Naviguer entre les notifications, entre les icônes, entre les fonctionnalités… c’est chronophage et sournois. De ce point de vue là, un réveil sans internet reviendrait à réapprendre à savourer la joie de cet instant-là : embrasser l’air matinal, se délecter des premiers rayons de soleil.

Imaginez alors que cette situation soit transposée dans les transports en commun – a-t-on encore le temps de dire bonjour à son voisin dans le bus ? – dans les rangs, en entreprise, dans le parc… sans internet, nous réapprendrions à vivre, et à bien vivre.

Des relations plus chaleureuses

Loin de vouloir porter la casquette de celui qui navigue à contre-courant, je suis de ceux qui croient que, si le monde devait se passer d’internet, les relations humaines seraient plus chaleureuses. Elles seraient plus vraies et donc forcément plus humaines. Il faut l’admettre, si internet permet de raccourcir les distances, il impose une certaines esthétique aux relations, les rendant fades, leur donnant un air de simulation. Combien de visites avons-nous annulé simplement parce que la possibilité nous est offerte de voir notre interlocuteur à travers les pixels d’un écran ?

Internet a même conditionné la conception du bonheur, de la réussite, en décuplant l’impact de la comparaison. Aujourd’hui, chaque publication faite sur les réseaux sociaux a tendance à montrer le plus beau visage que nos vies peuvent présenter. On s’invente même souvent des vies qui ne sont pas les nôtres, tout cela pour paraître un peu plus heureux, un peu plus normal, pourtant un peu trop frustré. Sans internet, les véritables valeurs qui régissent la vie en société feraient leur grand retour : la tolérance, le respect, la compassion.

Mais un monde qui s’arrêterait littéralement

Un monde sans internet revient à reconstruire nos sociétés, à les repenser, à les réadapter. Internet fait désormais partie des ressources indispensables à notre équilibre. Sous d’autres cieux, il contrôle la totalité des administrations, jusqu’à la moindre des actions du quotidien. Santé, éducation, sécurité, finances, ne peuvent fonctionner normalement sans internet.

Internet, n’est-ce pas en définitive, ce mal nécessaire que nous devons utiliser en gardant nos valeurs humaines bien en dehors de la toile ?

Le pire de tout c’est que je ne serais pas en mesure de partager cette réflexion avec vous. Ce billet n’aurait jamais été écrit… alors, si demain le monde devait se réveiller sans internet, que ces mots soient les derniers que vous garderez de moi, comme un testament virtuel.
Fin de l’exercice.


M.C One Vs Kiff No Beat : La guerre des #CivPunchlines est déclarée ! (Partie 2)

Le ton ayant été donné par M.C One, le groupe de 5 rappeurs s’en donne à cœur joie et balance un clash-réponse bien calibré et dosé comme ils savent le faire, sur le titre « Eh Allah ». Dans cet article, je commenterai donc dix punchlines prises dans chaque titre – les mieux élaborées selon moi – pour vous donner un avis sur le titre le plus percutant. Alors on poursuit.

Lire la première partie 

Kiff No Beat

Kiff No Beat a le vent en poupe. M.C One et son équipe ont peut-être eu le nez creux en faisant ce titre sur fond de clash. La réponse de Kiff No Beat : ils n’attendaient surement pas mieux. Sur le titre « Eh Allah », les 5 garçons se lâchent sur un air de « chanson facile » et sans prise de tête. La plupart de leurs punchlines sont orientées parcelles de MC One, normal puisque ce titre est la réponse au sien.
Globalement, Kiff No Beat reste dans la même logique : railleries, défis et dérisions sont au rendez-vous. Ce que j’ai déploré, c’est que les garçons versent très facilement dans l’injure de façon trop brute, trop directe, pourtant cela aurait pu être fait de façon plus subtile et plus originale. On se fait une idée !

  • 1- Moi je cherche l’argent pour ma maman, toi tu cherches l’argent pour tes problèmes

La comparaison annonce la couleur. Kiff No Beat vit dans l’opulence, M.C One cherche encore ses repères. Toute la différence selon eux, se trouve là.

  • 2- Donc toi tu n’as pas de vie, depuis là tu n’as pas de vues ?

M.C One avait lancé cette boutade à plusieurs reprises « Tu as 100.000 j’aime sur Facebook, opi on naka faikoi ? ». Et bien la réponse est sans appel. Kiff No Beat affole les compteurs de vues avec ses vidéos, l’autre en face est bien loin derrière.

  • 3-  Il n’y avait pas courant dans leur rap là, donc j’ai envoyé mon groupe

Première punchline bien élaborée. Si je me permets d’ajouter « électrogène » à la fin de la phrase vous comprenez mieux ? Cette métaphore qui s’appuie sur un jeu de sens, signifie tout simplement que c’est Kiff No Beat qui a redonné du rythme au Rap game en Côte d’Ivoire. Lourd !

  • 4- Mon petit faut barra, avant je mangeais à midi seulement

Dérision fondée sur le niveau de vie. M.C One devrait plutôt se mettre au travail pour parvenir à se nourrir et là encore, il ne parviendrait surement pas à se nourrir convenablement.

  • 5-  Maintenant ma sauce est remplie de viande comme bouton sur visage de Kedjevara

Injure tout simplement ! Rien d’autre. Néanmoins, on suit la logique entre cette punchline et la précédente. Alors que M.C One ne parvient pas à se nourrir convenablement, les Kiff no Beat eux refusent même de la viande dans leurs sauces.
Le principe des clashes, n’est-il pas d’emmener le public à deviner les personnes concernées, en lui donnant des indices ?
Booba par exemple, pour lancer une pique à son rivale La fouine, sur le titre « validé », sort tout simplement ceci : « Nous deux c’est fini comme Banlieue Sale ». « Banlieue sale » étant le label de La Fouine. Tout est dans la subtilité du message ».

  • 6- Les microbes ont pris le micro au lieu d’aller casser les boutons de leur père

Pas mal, mais aurait pu être mieux si la fixation sur les boutons d’un individu ne souffrait pas de redondance. En Côte d’Ivoire, les « microbes » ce sont ces enfants en conflit avec la loi. M.C est de ce fait comparé à un gamin d’une part, mais il est surtout présenté comme un individu qui n’est pas à sa place. Que ferait-il avec un micro ?

  • 7-  Je barra* pas à la CIE mais je suis au courant que mes phrases secouent

CIE = Compagnie Ivoirienne d’Électricité – Courant – Secouer. Etre au courant, c’est être informé et c’est le « truc » de cette punchline.

  • 8- A cause de petite connexion de 200 là ils vont commenter photo des gens aussi

Cette punchline a l’air simple, mais il faut la prendre au second degré pour mieux la comprendre. Internet a brisé les barrières au point ou n’importe qui peut se permettre de dire n’importe quoi aux personnes respectables. Font-ils allusion à M.C One ? Grande question.

  • 9-  On va te limer et puis on va te donner l’argent pour aller à la pharmacie

Menace directe. On commet un délit et on assume.

  • 10- Tais-toi espèce d’imbécile, tu es là-bas nous on est ici

Là-bas et ici ce n’est pas pareil ! Trop simple, trop cru, trop prévisible.

 

Meilleure punchline

Il n’y avait pas courant dans leur rap là, donc j’ai envoyé mon groupe

Dans l’ensemble, Kiff No Beat donne une réponse un cran en deçà de l’attaque de M.C One. Ils auraient pu mieux élaborer leurs punchlines, d’autant que M.C One a pour ainsi dire piégé son titre de punchlines.

M.C One se montre beaucoup plus pointilleux avec ses punchlines, tandis que Kiff no Beat fait une fausse manœuvre en citant explicitement le nom de Kedjevara. Ça, ils auraient dû l’éviter. Mais le plus marquant, c’est de se rendre compte qu’alors que Kiff No beat s’engage sur ce terrain, chaque phrase pour tenter de prouver leur supériorité dans la société ( ?) (comparaison en l’occurrence), perd toute sa valeur car ayant été déjà discréditée par MC One.

« [ Tu as 100.000 j’aime sur Facebook, tu roules en BM moi j’emprunte Waren, tu es yêrê, nous on est gawa, tu as un compte en banque tu es plein aux as, même si tu es l’homme le plus riche du monde ] », et à chaque fois, la phrase culte « opi on naka faikoi » vient pour rappeler que toutes ces considérations sont des clichés dont le rappeur fait peu de cas.
C’est un peu comme s’il prévoyait déjà les réponses de Kiff No Beat, et les garçons tombent directement dans le panneau.
Parce-qu’une punchline percutante, c’est d’abord une punchline qui n’est pas aussi claire que de l’eau de roche, la plupart des punchlines de M.C sont validées. Il allie parfaitement la métaphore, la comparaison, l’usage des double sens, sans pour autant oublier d’y ajouter une coloration typiquement ivoirienne.

Ci dessous le réponse de Kiff No Beat


M.C One Vs Kiff No Beat : La guerre des #CivPunchlines est déclarée ! (Partie 1)

C’est par pur hasard que je suis tombé sur une vidéo dans laquelle un adolescent se donnait à cœur joie à un exercice très atypique. Il posait son flow* sur une instru*, dans un studio d’enregistrement. Tout de suite je n’ai pas trouvé sa « prestation » particulière, jusqu’à ce qu’il se mette à aligner des punchlines coup sur coup. J’étais alors scotché !

Plus tard, je découvrais que ce jeune rappeur se nomme M.C One, le poulain de DJ Kedjevara. Et le bout de musique que je venais d’entendre, n’était rien d’autre que le teaser de son prochain single « Opi onaka faikoi » (Que veux-tu qu’on en fasse ?). C’est donc impatiemment que j’attendais la sortie de ce single bourré de punchlines made in Côte d’Ivoire (#CivPunhcline). Après écoute, je découvre que le jeune rappeur n’y est pas allé de main morte dans ses paroles. Nul besoin d’avoir une capacité d’analyse extraordinaire, pour se rendre compte qu’il clash directement le groupe de Hip-Pop qui n’est plus à présenter : Kiff No Beat. Effet de mode ou gros coup de communication, toujours est-il que le bambin du rap game ivoirien aura sa réplique à la sauce KI2F.

Le ton ayant été donné par M.C One, le groupe de 5 rappeurs s’en donne à cœur joie et balance un clash-réponse bien calibré et dosé comme ils savent le faire, sur le titre « Eh Allah ». Dans cet article, je commenterai donc dix punchlines prises dans chaque titre – les mieux élaborées selon moi – pour vous donner un avis sur le titre le plus percutant. Alors on se lance.

MC One

De façon générale, M.C One utilise beaucoup les images et les comparaisons comme c’est le cas dans la construction de bon nombre de punchlines. Là où sa force se fait découvrir, c’est surtout dans l’usage des double-sens. Il ne s’en lasse jamais, et à un moment ça devient trop évident, simple de capter le message. Néanmoins, il fait l’effort de ne pas verser dans l’injure en utilisant des voies détournées et surtout en misant sur une petite dose d’humour qui ne passe pas inaperçue. Place au décryptage.

  • 1- Depuis que je suis dans le game, tous les rappeurs sont embrouillés, faudra qu’on éteigne la lumière comme ça ces M.C pourront sortir les briquets

Le M.C commence fort en plantant le décor. Il annonce d’abord que sa présence dans le rap game dérange tout le monde, au point de causer des embrouilles. Et vu que Kiff No Beat veut allumer les briquets, il faut bien qu’on leur donne une bonne raison de le faire. Cette punchline prend tout son sens au regard du fait que « sortez les briquets » est bien un titre du groupe.

  • 2 – C’est plus des rappeurs c’est des commerçants. Ils sont à la recherche de publicité, je les ai vu au grand marché d’Adjamé en train de crier « approchez ! regardez ! »

Rappeur-commerçant = musique commerciale ! Lourd ! M.C One critiquerait-il la collaboration de Kiff No Beat avec Arafat DJ (Approchez regardez) ? En tout cas tout porte à croire qu’il compare cela à la recherche du buzz par tous les moyens !

  • 3- J’ai doublé les pronostics comme Donald Trump aux élections américaines

M.C One utilise ici une comparaison. En s’assimilant à Donald Trump, il laisse entendre que le niveau qu’il a atteint aujourd’hui, personne ne l’en croyait capable. De plus, il vogue sur l’actualité, Trump est bien l’homme le plus puissant du monde non ? Que demander de plus ?

  • 4-  La pauvreté touche même les animaux, viens en ville, tu trouveras des poulets piqués

Un peu plus technique cette CivPunchline ! Double sens en ligne de mire. Être « piqué » signifie avoir des difficultés financières. Le « Poulet piqué » lui est un met très prisé. Ainsi, en ville on trouve des poulets piquets (comestibles), qui justifient que les animaux peuvent être pauvres. Petit gymnastique.

  • 5- Quand je marche dans la rue j’ai les mains en l’air, les MC croient que je me rends mais ils se trompent, c’est parce que dans la vie il ne faut jamais baisser les bras

« Main en l’air », « Se rendre », « Baisser les bras » = tout est là, dans le double sens avec « baisser les bras ».

  • 6-  Si tu es un artiste en herbe on va appeler petit Denis comme ça il va te fumer

A ce niveau, il faut faire attention. Cette punchline peut être comprise de deux manières, sinon plus :

1er : Petit Denis étant un artiste confirmé et pétri de talent, si un artiste débutant entre en comparaison avec lui, il se fera battre copieusement.

2eme : « Petit Denis » a eu plusieurs démêlés avec la justice pour des histoires de drogue. « Herbe » ici fait donc allusion à cette substance proscrite par la loi. Petit Denis fumera donc de l’herbe tout simplement

  • 7- Tellement ils veulent mousser, ils sont allés à Boss Playa pour chercher Muss

Muss (membre du groupe ivoirien MAM), c’est l’un des patrons de la maison de Production Boss Playa. M.C One fait le rapprochement entre vouloir « mousser », qui signifie cartonner, et signer chez Boss Playa. Question de sens… ça reste un peu ambiguë, d’autant plus que le groupe n’a pas signé chez Boss Playa. Serait-il en train d’insinuer qu’ils ont essayé de le faire sans réussir ? Mais la puissance de cette phrase réside dans l’orthographe de « Muss » et non « Mousse ».

  • 8- Ils ont commencé à m’appeler l’indien parce-que je suis arrivé en flèche

Double sens et métaphore : arriver en flèche – Indien.

  • 9- Je suis le plus grand de tous ces rappeurs donc c’est normal qu’ils fassent des coups bas

Même logique : Grand – Coups-bas. Ici, il fait en même temps ressortir le fait qu’il est le meilleur de tous. Il a l’ego démesuré d’un rappeur tout simplement.

  • 10- Les garçons sont des grands mangeurs de placali*, quand ils voient une fille ils courent après son Kplo*

« Les garçons sont des grands mangeurs de placali », jusqu’ici tout va bien. On s’attend à tout, sauf à une telle sortie, quand M.C One nous ramène dans un tout autre univers : « courir après son kplo » signifie ici la désirer sexuellement. Sans toutefois omettre le fait que le placali se mange avec le Kplo. Tout est dans l’ordre des idées.

 Meilleure punchline

« La pauvreté touche même les animaux, viens en ville, tu trouveras des poulets piqués »

Lexique :

  • Flow : Rythme avec lequel on aborde les syllabes
  • Instru : Instrumental
  • Punchline : Phrase choc, forte, percutante
  • Clasher : S’en prendre à quelqu’un dans une chanson
  • Placali : Mets ivoirien à base de manioc
  • Kplo : Peau d’animal très dur, comestible après cuisson / Vulgairement sexe féminin

Lire la deuxième partie 

Ci-dessous « Opi Onaka Faikoi » de MC One

 


Le gouvernement ivoirien dévoile ENFIN la vraie dénomination de ses ministères

Le gouvernement ivoirien a fait presque peau neuve. De 36 membres précédemment, le gouvernement ne compte plus que 28 ministres. Pour y arriver, il a fallu se séparer de certaines grosses têtes, alors que plusieurs autres ont fait leur entrée. Plus surprenant encore, il semble se dévoiler une nouvelle dénomination des différents postes ministériels, disons qu’elles sont désormais plus explicites et plus claires. Ces nouvelles dénominations pourraient, probablement, faire bouger les choses et nous rapprocher de l’immersion, pardon de l’émergence, à l’horizon 20** .

 

  • Ministre d’Etat, Ministre chargé de surveiller chacune de vos actions et de prévenir le Président en cas de mouvements suspects : M. Hamed Bakayoko
  • Ministre qui a en charge le paiement des frais de location des ambassades, chargé de venir en aide aux étudiants qui sont sur le point d’être rapatriés, ami particulier des ambassadeurs : M. Marcel Amon Tanoh
  • Ministre chargé de représenter Human Rights Watch en cas d’absence : M. Sansan Kambilé
    Ministre qui a en charge la surveillance des frontières pour pas que la superficie du pays diminue et de faciliter la tropicalisation des ivoiriens sur le « bingue* » : M. Ally Coulibaly
  • Ministre des zones industrielles, Camarade des libanais, adeptes des pierres précieuses : M. Jean Claude Brou
  • Ministre chargée de réduire les grèves par des sanctions sauvages et inoubliables, chargée de menacer les enseignants paresseux et contrainte de surveiller le taux de réussite aux examens : Mme Kandia Kamissoko Camara
  • Ministre de la terre (elle nourrit bien son homme non ?), relégué à s’assurer que l’exode rural est constamment en baisse : M. Mamadou Sagafowa Coulibaly
  • Ministre des abattoirs, camarade des bouchers, declencheur des alarmes en cas d’éventuelles grippes qui s’attaquent aux bêtes : M. Kobenan Kouassi Adjoumani
  • Ministre du Plan et du Développement (impossible de simplifier, trop complexe) : Mme Nialé Kaba
  • Ministre chargé de discipliner les « gnambros* », d’éduquer les apprentis «Gbaka »*, de lutter encore et encore contre les grèves : M. Amadou Koné
  • Ministre chargé de planifier le décaissement des milliards dans les différents ministères : M. Cissé Abdourahmane
  • Ministre chargé de distribuer les milliards après décaissement ou presque : M. Adama Koné
  • Ministre chargé de ramener les brouteurs sur le droit chemin, de rendre public les différents moyens de gagner l’argent sur internet, habilité à lire le compte rendu des conseils de ministres. Ne doit pas être trop bavard : M. Bruno Nabagné Koné
M. Bruno Koné / Crédit Photo : Flickr
  • Ministre chargé de réduire le nombre de chômeurs– bien sûr théoriquement – et de veiller à protéger les pauvres toujours plus nombreux : M. Jean Claude Kouassi
  • Ministre qui casse tout, tout et tout. Chargée de lire les comptes rendus quand les 200 le porte-parole principal est absent, ou occupé : Mme Anne Désirée Ouloto
  • Ministre chargée de veiller à l’habitabilité des hôpitaux publics, et à la baisse de la cupidité des médecins véreux : Mme Raymonde Goudou Coffie
  • Ministre tenu de nous ramener plus de trophées, de médailles, sans toutefois oublier les sportifs locaux (oui oui ça compte aussi) : M. François Albert Amichia
  • Ministre de la culture et non de la musique (important de le préciser) et des relations avec les adeptes de la langue de Molière, mais pas que : M. Maurice Kouakou Bandaman
  • Ministre chargé de rendre l’émergence palpable, surtout sur les routes : M Amedé Koffi Kouakou
  • Ministre de ce qui donne l’argent au pays : M. Thierry Tanoh
  • Ministre chargée de dompter la FESCI (Fédration Estudiantine et Scolaire de Côte d’ivoire), ou du moins de tenter de trouver les moyens pour faire baisser ses revendications, dans la mesure du possible : Mme Ramata Ly-Bakayoko
  • Ministre chargé de mettre les Ivoiriens au travail : M. Pascal Abinan Kouakou
  • Ministre de la solidarité, entendez faire par là, qui doit faire des mains et des pieds pour le retour des réfugiés, enfants, femmes et hommes : Mme Mariatou Koné
  • Ministre des « grouilleurs* », et des porteurs de projets (disons startuper pour faire tendance) : M. Souleymane Diarrassouba
  • Ministre chargé d’offrir un toit à tout un chacun et de lutter contre les cautions et avances à n’en point finir : M. Claude Isaac De
  • Ministre chargé de saper le moral des braconniers et de protéger les eaux contre la pollution : Général Issa Coulibaly
  • Ministre chargé de décourager les candidats aux embarcations de fortune pour rejoindre l’occident, en leur créant des emplois ou de véritables promesses d’emploi (les deux marchent souvent) : M. Sidi Tiémoko Touré
  • Ministre des visites guidées et de plaisance : M. Siandou Fofana
    Secrétaire d’Etat appelé à la rescousse du Ministre chargé de réduire les grèves, dont la tâche est loin d’être facile : M. Mamadou Touré
  • Ministre chargé de limiter les tensions entre le pouvoir et l’opposition : M. Jeannot Kouadio Ahoussou
  • Ministre, Secrétaire Général de la Présidence de la république (Que voulez-vous d’autre ? Ah oui, recordman en ancienneté gouvernementale) : M. Patrick Achi
  • Ministre chargé de s’assurer que rien n’a été oublié. Spécialiste des passages en revue : M. Téné Birama Ouattara
  • Ministre auprès du Président de la république, chargé de raisonner les mutins si jamais ça arrive à nouveau. Doit être capable de manger partout, même par temps de crises : M. Alain Richard Donwahi

 

*Gnambro : Syndicats de transporteurs
*Gbaka : Minicar de transport en commun
*Grouiller : Qui se bat pour s’en sortir avec les moyens à sa disposition
*Bingue : Europe


Réseaux sociaux, grandes gueules et mouroir populaire

Il est loin derrière nous le temps où chacun pouvait s’offrir le loisir d’exprimer ses idées sans se soucier d’une quelconque critique. Le temps où la seule menace était la crainte de voir des journalistes un peu trop zélés faire des critiques virulentes a connu bien des transformations.

Aujourd’hui, que l’on soit un ministre qui a du mal à compter au-delà de 200, ou même un autre qui tient un discours aux allures sauvages et agressives, ou encore une chroniqueuse qui met le respect entre parenthèse le temps d’une émission elle-même déjà très critiquée, on peut très vite se prendre dans le visage une baffle amplifiée par des individus en quête de buzz ! Les réseaux sociaux ont tout changé.

Les réseaux sociaux ont changé les codes de bonne conduite et les valeurs qui régissaient les relations entre les humains / CRÉDIT : LoboStudioHamburg – Pixabay

Le pouvoir aux anonymes

Facebook, Twitter, Instagram… Qu’importent les plateformes qu’ils utilisent, les internautes ont découvert un pouvoir extraordinaire qui était resté jusqu’ici inaccessible. Ce pouvoir-là c’est la capacité de donner son avis, à n’importe qui. Ainsi, face à ce qu’ils considèrent comme de mauvaises actions, des injustices… ils ne se font pas prier pour exprimer leur idées et leurs coups de gueule. Et pour cela, même s’ils sont de parfaits inconnus qui ont aucun poids sur l’échiquier des personnes influentes, la force du nombre leur donne un sentiment de toute puissance. Ils ne se font donc pas prier…
Dans leur élan, ces anonymes aux super-pouvoirs mènent des actions tellement puissantes qu’elles peuvent contraindre un ministre, une personne qui a des responsabilités au sommet d’un État, à recadrer ses propos. Elles sont capables de pousser des politiques à revenir sur leurs décisions, elles sont capables de forcer des géants faire demi-tour et bien plus encore. N’est-ce pas merveilleux ? Si les personnes publiques sont les plus exposées, elles ne sont malheureusement pas les seules à être concernées.

Restriction ? Enfin, presque

Les réseaux sociaux ont changé les codes de bonne conduite et les valeurs qui régissaient les relations entre les humains. Aujourd’hui, il parait normal de s’immiscer dans une discussion, que l’on soit concerné ou pas, si tant est que cela est public. Pas la peine de vous plaindre, vous n’aviez qu’à la garder pour vous ectte photo, plutôt que de l’exposer aux yeux de tous, ou encore vous pouviez éviter de tenir ce genre de propos publiquement. Si c’est trop tard, vous n’avez plus qu’à supprimer votre publication ou votre tweet… mais avant, assurez-vous que personne n’a utilisé le super outil qui dépasse toutes les règles de confidentialité de n’importe quel réseau social. Il s’agit évidemment de la fonction “capture d’écran”.

Théoriquement, si une personne supprime une publication, personne d’autre ne devrait avoir le droit de l’utiliser après cette action. Pourtant, techniquement  c’est toujours possible. Sur les réseaux sociaux, les erreurs peuvent facilement être gravées dans du marbre, impossible de s’en défaire.

Quand l’émotion dépasse la raison… le « buzz-dérision » se pointe

Comme il fallait s’y attendre, l’effet pervers des réseaux sociaux n’a pas tardé à pointer du nez. La quête du buzz fait souvent prendre des raccourcis. Ces raccourcis consistent à faire preuve du minimum d’objectivité possible. Ainsi, on se retrouve au beau milieu de critiques plus destructrices que constructives. Le mot d’ordre est aussi simple que sadique : “taper là où ça fait mal, aussi fort que possible”. Et la solution la plus adaptée c’est la dérision, rien n’est grave puisque tout est tourné en dérision. A ce niveau, les internautes ne manquent pas de créativité. Pas de discussions constructives ni de propositions concrètes. On préfère en rire, se moquer, et même humilier.

Parfois, le bouchon est poussé un peu trop loin, et dans cette quête de moqueries qui rivalise de médiocrité, la meilleure est celle qui fera couler le plus de larmes. Pour les internautes qui ne demandent que cela, les larmes viendront après avoir longtemps rigolé. On oublie que derrière chaque écran d’ordinateur ou chaque smartphone, derrière chaque connexion internet, derrière chaque compte Facebook ou Twitter, ce sont des êtres humains avec leurs sensibilités et leurs fiertés qui sont ainsi piétinés. Pour la victime au milieu du scandale, les larmes viendront à coup sur quand elle verra sa réputation réduite à néant.

Un harcèlement déguisé mais tout aussi destructeur

En vérité, quelle différence y a-t-il entre faire circuler une sextape et diffuser sur les réseaux sociaux une publication qu’un individu a décidé de supprimer (reconnaissant son erreur) ? Si l’un parait plus dégradant que l’autre, les deux produisent le même effet : un harcèlement dur à porter. Il faut peut-être l’avoir vécu pour mieux le comprendre. Mais en toute objectivité, cette arme que constituent les réseaux sociaux ne devrait-elle pas plutôt contribuer à faire avancer les choses dans la bonne direction ? A avoir de vrais débats, à faire des suggestions constructives, à dénoncer les abus dans le respect … ? C’est ce que le bon sens voudrait !

Avant de vouloir faire monter un hashtag en Trend Topic*ou de lancer le dernier Challenge pour charrier, il importe de se demander si ce n’est pas la réputation d’une personne qui est en train d’être ainsi piétinée. Nous avons tous des amis, des parents, des collègues, des proches, qui pourraient un jour se retrouver dans le viseur du « buzz à dérision », si ce n’est pas notre tour d’être à l’ordre du jour…

Ici ou ailleurs, dans le réel comme dans le virtuel, se moquer et  rire pour voir l’autre souffrir, ça s’appelle de la méchanceté gratuite, c’est une nouvelle forme de hercèlement, qui dans des cas extrêmes, peut conduire au suicide. De la domination 2.0. Faisons preuve de bon sens.

*Trend Topic : Sur twitter, un hashtag qui monte en Trend topic signifie simplement que le sujet suscite de l’intérêt et est donc beaucoup commenté.


Etudiants des universités publiques, ces éternels sacrifiés !

Un jour nouveau s’est levé sur l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire. Plongé dans un profond coma depuis de nombreuses années, les universités publiques avaient besoin d’une visite en réanimation, pour recevoir leur dose d’adrénaline. Les moyens furent trouvés, le cadre déterminé et une manœuvre quelque peu sévère, adoptée. Les mauvais grains ou ceux mal enracinés furent même extirpés.

Université_Felix-Houphouet-Boigny
Une vue de l’université Felix Houphouet Boigny après les rénovations / CREDIT : Wikimedia

Comme lors du déballage des cadeaux à la Noël, tous furent agréablement satisfaits de découvrir les nouveaux habits des universités. Je fais même partie de ceux qui, dans un coin reculé de leur imagination, ont voulu faire un « flash-back » pour se former au sein de « l’université nouveau », celui de l’émergence. Seulement, après quelques années, les temples du savoir semblent plutôt immerger. Heureusement ou malheureusement – tout dépend du côté où chacun se situe – dénoncer une irrégularité dans mon pays, c’est porter la casquette de l’opposant incendiaire. Le départ nouveau a bel et bien eu lieu, mais ici comme ailleurs, les habitudes ont la peau dure. Le malaise social, cet animal longtemps combattu visiblement sans succès, n’a pas mis du temps à ressortir de sa tanière. Et le bouc-émissaire (?) a vite été mis face à ses dérives qui consistent à réclamer ses droits. La FESCI (Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire) et les autres fédérations estudiantines ont pris un coup dur.

Ici, la priorité ce n’est pas l’éducation

Lundi 11 avril 2016, la FESCI, ce monstre étranglé sans succès refait surface de fort belle manière. Avec des méthodes qui sont les siennes, il présente un chapelet de revendications qui a y regarder de plus près, n’ont rien de surréalistes. Entendre des jeunes gens scander « on veut étudier ! On veut étudier ! », même avec un cœur d’acier, on ressent un pincement dans la poitrine

Vous avez dit jeux de la francophonie ?

Comment comprendre que des étudiants se verront réquisitionner, déjà en 2016, leurs chambres en vue de l’organisation des jeux de la francophonie prévus pour 2017 ? La question de la date n’est pas l’essentiel du problème, tout réside dans le choix qui est fait. Jusque-là, tous les sens dans lesquels j’ai renversé cette question au fond de mon esprit ne m’ont donné aucune réponse probante. Ou le pays a les capacités d’accueillir un tel événement, et il le fait sans avoir à contraindre des étudiants à se plier en quatre pour trouver ou passer la nuit, ou il n’en a pas la capacité et il décline l’offre. Surprenant de voir que nos dirigeants sont capables d’accepter de brader l’éducation de cette manière. D’autant plus que plusieurs citées universitaires à Abidjan (Cité rouge, Port-Boué, Riviera 2, Mermoz…) sont plongés au cœur de travaux de réhabilitation qui ne semblent pas être prêts de s’achever dans les 5 prochaines années, du moins à ce rythme. Pourquoi donc ne pas utiliser ces citées en réhabilitation pour accueillir la foule de participants qui viendront ? Encore là une question qui ne mérite pas de réponse claire. Certainement !

Université-Felix-Houphouet-Boigny-Lautre-Regard
Une vue de la cité universitaire de l’université Felix Houphouet Boigny / CREDI : M.C Agnini

Système LMD ou un une pâle copie pour Laisser Mourir la Détermination

Le départ nouveau a ouvert les portes à l’introduction du système LMD (Licence Master Doctorat) dans les universités publiques ivoiriennes. Quelques années après, ce qui semblait être une chance pour l’enseignement supérieure en Côte d’Ivoire grince. De toute évidence, un manque de graisse pour faire fonctionner correctement les engrenages de la machine est à la base. Entre autres exigences, le Système LMD requiert de nombreuses recherches de la part des étudiants. Pourtant sur la fac, à l’université Félix Houphouët Boigny de Cocody en l’occurrence, chercher à se connecter à internet ressemble plus à des exercices acrobatiques dignes des olympiades qu’à toute autre chose. En l’état actuel des choses, ce système n’est donc pas encore applicable.

Pourtant, lors de la réouverture de ce temple du savoir rénové à coup de milliards, les innovations qui ont été annoncées prévoyaient même l’introduction du e-learning avec des professeurs qui ne se verraient plus contraints de faire des déplacements d’une ville à une autre, afin de dispenser les cours. Que dire donc de la vétusté des bibliothèques et des laboratoires qui peinent à être équipés. En faculté de médecine par exemple, par un manque de matériel, l’année blanche est beaucoup plus évidente qu’un probable passage en année supérieur.

Entre des enseignants continuellement en grève pour primes impayées et des années universitaires qui s’allongent sans relâche, abandonner peut vite devenir un choix qui s’impose.

Pendant ce temps, le système se corse

Face à ces quelques maux que rencontrent les futurs cadres du pays, les étudiants décident de monter au créneau afin de prendre leurs destins en main en criant leur ras-le-bol. On aura beau reconnaître aux étudiants leurs dérives et leurs procédés peu orthodoxes voire barbares, les maux qui minent l’université sont nombreux, les autorités font la sourde oreille et se taire c’est accélérer la déchéance. Le mot d’ordre de grève fut donc lancé.
Mais comme il est de coutume dans mon pays, le plus faible n’a jamais raison. Il faut réprimer pour ne pas que la gangrène se répande. D’ailleurs le procédé n’est pas nouveau, l’on a toujours fonctionné ainsi. Au point où il semble régner une sorte de « rivalité sordide » entre étudiants et forces de l’ordre. Une fois de plus la machine s’est mise en marche. De l’usage des gaz lacrymogènes aux courses poursuites improvisées, le sauve qui peut sera généralisé dans la journée du 11 avril 2016. Pour cette fois, juste une trentaine d’étudiants seront interpellés muni-militari.

Il est important que l’on se demande une fois pour de bon, la place qui est accordée à l’éducation dans ce pays et plus singulièrement aux étudiants. Il est important que cela soit défini clairement afin que les décisions prises le soient en fonction. Car aujourd’hui malgré les apparences, force est de constater que l’enseignement supérieur en Côte d’ivoire, ressemble à un système qui a pour vocation de pousser le maximum de monde vers la porte de sortie.

L'éducation perd sa place sous nos tropiques
Aux plus jeunes, l’école risque d’apparaître comme un processus inutile. CRÉDIT : M.C Agnini

Des reformes ont certes été entreprises mais tant que la place déterminante et l’importance de l’étudiant ne lui sera pas reconnue, il se retrouvera encore et encore dans la posture du poulet qu’il importe peu de sacrifier. Si rien n’est fait, les futures générations finiront un jour par se faire à l’idée que l’éducation ne sert pas à grand chose finalement.


Yaya TOURE part, l’Afrique reste

Les prochaines heures seront difficiles à vivre. Autant vous dire très chers frères et sœurs africains, que vous devrez user de courage. L’Afrique est orpheline. L’Afrique devra désormais décider de son devenir sans Yaya Touré. La perte est énorme, les conséquences le seront certainement plus encore.

Oui Yaya Touré a décidé de laisser l’Afrique s’occuper d’elle même, désormais,  » Yaya s’occupera de Yaya et va laisser l’Afrique se débrouiller. Et puis on verra comment ça va se passer ». Voila ce que l’on peut retenir de la déclaration du capitaine des champions d’Afrique en titre, suite au sacre du gabonais Aubameyang.

Yaya-TOURE
Yaya TOURE / CREDIT : Flickr

Une question de forme, pas de fond

Cet article est loin d’être ironique. L’ironie serait donc de le lire en pensant qu’il est ironique. Vous êtes prévenus. Nous voila donc sur le parcours !

Le 7 janvier 2016, c’est sûrement avec une confiance gonflée à bloc que notre Gnegneri national s’est rendu à Abuja (Nigéria). Toutes les chances étant réunies pour lui assurer un 4e trophée continental, nous y croyions tous. Le ballon d’or, distinction très gratifiante fut-elle individuelle, peut être un peu trop aux yeux de Yaya, a pourtant la peau dure et les habitudes surprenantes. Dur comme le règne éternel du sieur Issa Ayatou, le tout puissant roi du royaume CAF. Surprenant comme les décisions souvent prises par cette institution. Mais bon, ce n’est pas à l’ordre du jour, comme les élections à la tête de cette institution. Passons donc !

Un égo démesuré, pourtant le silence vaut de l’or

Je n’y croyais pas. Je ne voulais pas y croire. J’ai dû me résigner en voyant la vidéo dans laquelle le très panafricaniste Yaya  déshéritait la terre mère. Sans autre forme de procès il l’a fait. Son attachement à mama Africa* ne tenait donc qu’à un ballon d’or ? La vérité si elle est différente ne doit pas être bien loin de celle-ci. La sortie du champion d’Afrique a été aussi surprenante qu’inutile, si ce n’est de jeter sur lui le discrédit quant à son amour pour son continent, donc pour son pays. Comment expliquer une telle sortie pour un titre remporté 4 fois déjà ? Je cherche encore des réponses.

« Ta femme, tu sauras la choisir », me disait mon père 

Yaya n’a pas hésité à le dire « comme on me  le dit souvent, ma femme aussi me le dit souvent, il ne faut pas trop s’occuper de l’Afrique parce que l’Afrique sera la première à te lâcher ». Pour lui donc, ne pas remporter le ballon d’or serait synonyme d’une trahison de la part de l’Afrique. Non, il a du être influencé par sa femme si ça se trouve. Elle le pense vraiment, l’Afrique est un continent ingrat. Yaya semble indiquer la fautive dans cette affaire.  La décision est donc prise, au détriment de l’Afrique.

  • Concrètement, jusqu’où ira cette « décision » prise par l’ivoirien ?

  • Quitter le continent à jamais pour le laisser se débrouiller ? (il ira surement droit dans le mur)

  • Arrêter les projets de développement entrepris en faveur de ce continent ?

  • Mettre fin aux dotations faites aux ONG ?

  • Stopper l’envoie régulière d’équipements sportifs aux centres de formation de football qui ont du mal à décoller ?

S’il n’en est  rien, alors pourquoi s’inquieter ? Certainement que notre « africanité » nous empêche de comprendre.

Yaya-TOURE

Yaya a donc pris sa décision, partir et ne plus regarder en arrière. Nous n’aurons que nos yeux pour pleurer. Les prochaines heures seront difficiles à vivre. Autant vous dire très chers frères et sœurs africains que vous devrez user de courage. L’Afrique est orpheline. L’Afrique devra désormais décider de son devenir sans Yaya Touré. La perte est énorme, les conséquences le seront certainement plus encore.

Espérons qu’après cette injure, il aura le culot de ne pas succomber à la tentation de réclamer le brassard au sein de l’équipe nationale de football. Enfin, s’il souhaite toujours défendre les couleurs d’un peuple ingrat.

*Mama Africa : L’Afrique mère


Africains, faut-il des morts chez le voisin pour nous remémorer les nôtres ?

Les attentats de Paris n’étaient donc pas une épreuve pour le seul peuple français. Sous d’autres cieux, les nôtres notamment, cela a permis de mettre à nu le manque d’humanisme de certains. Il a fallu des morts chez le voisin pour nous remémorer nos fils tombés.

Tour-Eiffel-Paris-l'autreregard

Dans l’entendement de plusieurs d’entre nous, nul autre, si ce n’est le seul peuple français, n’avait le droit de crier son désarroi face au mépris de la vie humaine. Et comme un beau « come-back », ceux-ci se sont laissés prospérer dans des contre-hommages, déguisés en hommages à leurs disparus à eux. De quoi faire retourner du fond de leurs tombes, les pères des durs combats pour l’égalité entre les races.

Aux premières heures, j’ai été de ceux qui ont soutenu qu’un africain qui meurt, ce n’est pas le monde qui brûle. Mon avis n’a pas changé d’un iota sans pour autant que cela me donne un cœur de pierre. Oui car il fallait l’avoir très dur et même les nerfs en acier pour rester insensible à la barbarie qui s’est déroulée à Paris. Dès le lendemain de ces attentats, l’indignation du monde entier n’a pas tardé à s’exprimer. Et comme pour faire taire cela – car nos morts eux n’en ont pas bénéficié – j’ai vu mes frères marteler que l’Occident n’a pas été aussi sensible aux morts qui se comptent par milliers sur le continent mère de l’humanité. Un mort, de plus victime des idéaux de barbares d’une autre ère, n’a ni religion, ni nationalité, ni race… Mais pour paraître plus africain, il fallait faire un effort surhumain pour ne pas se laisser influencer par le diktat du blanc. Oui c’était là le mot d’ordre.

Du « pseudo-panafricanisme » à « l’afro-égoïsme »

J’ai entendu, j’ai vu et j’ai eu encore plus mal.
Comment peut-on se réjouir d’un malheur qui arrive à autrui sous prétexte que ce dernier n’a pas versé de larmes quand le même malheur nous atteignait ?
Et comment peut-on faire des décomptes macabres de mort et annoncer que ce n’est rien en comparaison aux nôtres.
Nous sommes africains, nous sommes fiers de l’être et surtout de le dire. A chaque coin de rue nous crions cela mais avant tout, nous sommes bien des humains. Choisit-on de ressentir de la compassion surtout quand il s’agit de mort ? En réalité les dénonciateurs du suivisme sont les plus grands suiveurs.
Pour certains, le panafricanisme ne se résume qu’à accorder de la valeur à ce qui concerne l’Afrique, tout le reste n’a aucune raison d’être cité. Alors que vous compatissiez à la douleur de l’autre fait de vous un idiot à l’intelligence engraissée par les idéologies colonialistes.

La force des médias, la vraie puissance

La communication, c’est le pouvoir. Lorsqu’une catastrophe se produit quelque part, et qu’il faut que nous africains, attendions l’action des organes de presse occidentaux pour en être informés, comment voulez-vous que l’engouement du monde entier soit sans appel ? En Afrique, c’est la famille du défunt qui donne le rythme des pleurs, les soutiens ne font que suivre. Tant que nous ne pleurerons pas nos morts avec l’énergie qui sied à la valeur qu’ils occupaient dans nos cœurs, nous ne verrons jamais le monde compatir à notre douleur. Les occidentaux peuvent bien passer cela sous silence mais nous que décidons nous de faire ? J’ai encore en mémoire les attentats de Nairobi (université kényane de Garissa) qui n’auraient certainement pas eu le même écho si les médias internationaux n’avaient pas relayés les informations. Ou étions-nous donc africains fiers de sang et de chaire ? N’avons-nous pas attendu que ce soit Michelle Obama qui donne le signal pour dénoncer l’enlèvement de 267 lycéennes par les membres de Boko-Haram ? Qu’avions nous fait avant ? Et après ? Alors ne nous trompons pas de combat.

Michelle-obama-bringbackourgirls

Un hommage en appelle un autre

Dans le même temps, certains de mes frères ivoiriens ont trouvé une superbe parade à #JeSuisParis. En effet, dans la journée du vendredi 13 novembre 2015 (simple superstition ?), il s’est produit un accident dans la circulation abidjanaise (carrefour Riviera 2 et Riviera Faya). C’est donc des inscriptions portant la mention #JeSuisRiviera2 ou encore #JeSuisFaya que mes frères ont trouvé pour contrattaquer l’invasion émotionnelle occidentale. Sauf que cette réaction n’est pas venue naturellement et c’est là tout le paradoxe. Aucun ne vous dira exactement combien de victimes il y a eu dans cet accident. Aucun ne nous décriera avec certitude les circonstances de cet accident. Notre très chère télévision nationale n’en a pas fait échos comme les compatriotes s’y attendaient ou du moins pas comme un media international l’aurait fait. Comment voulez-vous que des voix puissent s’élever quand l’esprit est en veille ? Et pourquoi faut-il attendre les morts du voisin pour nous rappeler des nôtres ? Réaction épidermique ? Rien n’est moins sûr. Dans une folie de jugement, j’ai pleuré de voir des personnes crier haut et fort leur satisfaction pour ce coup dur porter à la France. La folie est souvent sans limite !

Il y a encore de l’humanité sur terre. Pour ceux qui ont encore un cœur, face à tout massacre qu’il soit perpétré à deux pas de chez eux ou à l’autre bout du monde, l’émotion se doit d’être exprimée, la désapprobation montrée et l’inaction dénoncée.
Alors nous continuerons à pleurer les morts – quitte à être influencés par les médias – qui tombent sous les balles assassines des ennemis de la vie humaine. « L’amour des siens ce n’est pas la haine des autres« , aurait-dit Youssoupha.


A Abidjan, aux heures de pointe, le client perd sa couronne

A Abidjan, se déplacer prend des allures d’énigmes conçues pour personne au QI impressionnant. Le vrai casse-tête abidjanais tout simplement. Les heures de pointe, le matin (7h30-9h) et le soir (18h30-20h), représentent un véritable supplice pour le client. Lui qui est censé jouir de tous les privilèges, se voit très souvent martyrisé par son bourreau-serviteur : le chauffeur.

N’est-il pas dit que le client est roi ? Quand sonne cette tranche d’heure, la formule change radicalement et la couronne se pose délicatement sur la tête de monsieur le conducteur. Dès cet instant, c’est lui qui impose les règles du jeu.

Aux heures de pointe, le chauffeur perd de sa galanterie
Aux heures de pointe, le chauffeur perd de sa galanterie

L’embouteillage, le bouc émissaire

Les transports en commun ont pour avantage de réduire un tant soit peu, les dépenses des usagers en matière de déplacement. Les déplacements en gbaka, ainsi qu’en woro-woro, occupent une place de choix dans les habitudes des abidjanais. De ce fait, pour des raisons que seuls les chauffeurs sont capables de comprendre et surtout d’expliquer, il leur arrive de faire la pluie alors que le ciel est beau et ensoleillé. Leur politique de prix est bien difficile à comprendre. Avec des tarifs qui varient au fil des heures, on se demande bien si offrir un « service » a encore de la valeur. Pour justifier cette fluctuation qui frise l’arnaque, la raison trouvée est la présence des embouteillages. Pourquoi faut-il que ce soit le client qui supporte alors ce désagrément ? Difficile de trouver une réponse à cette question, toujours est-il que les transporteurs ont leurs méthodes bien à eux pour faire payer plus au client.

Segmentation du trajet

Les objectifs ne sont visiblement pas les mêmes. Alors que le client, soucieux de ne pas avoir à se justifier devant son employeur, cherche par tous les moyens à se rendre sur son lieu de travail, les chauffeurs eux veulent faire caisse pleine. Exigence des propriétaires de véhicule ? Mieux vaut ne pas chercher à savoir. Pour y arriver, il faut trouver des stratagèmes aussi ingénieux que malhonnêtes. Sinon comment expliquer qu’aux heures de pointe, le trajet qui se parcourait avec un seul véhicule exige que vous en empruntiez deux. Dès lors, vous vous retrouvez avec une note deux fois plus salée que la normale. Illustration :

  • Pour le trajet Cocody-Angré woro-woro facturé normalement à 300 F CFA, une segmentation du trajet en deux portions vous obligera à payer 250 F CFA pour chacune d’elles. Ainsi, Cocody- 2 plateaux (Sococé) 250 FCFA, puis 2 plateaux-Angré 250 F CFA.

  • Pour le trajet Adjamé-Abobo en gbaka qui est facturé à 200 F CFA, le double trajet vous imposera de payer 200 F CFA pour la portion Adjamé-Zoo, puis la même somme pour l’autre portion.

  • Pour le trajet Riviera 2-Angré en woro-woro dont le coût est de 300 F CFA, vous n’aurez pas d’autre choix que de « décomposer » en suivant cette logique : Riviera 2 – Attoban (200 F CFA), puis Attoban-Angré (200 F CFA).

  • Et la liste est longue

Ce consensus mafieux entre chauffeurs donne le tournis aux clients mais ont-ils vraiment le choix ? L’unique solution serait de se déplacer bien avant cette tranche d’heure fatidique, ou encore d’attendre que les choses se calment pour le faire.
Au pire des cas, vous pouvez vous mettre à plusieurs et emprunter un taxi compteur suite à un arrangement très serré, car eux aussi sont les rois à ces heures-là.

Pas de monnaie, pas de chance pour vous !

Aux heures de pointe, lorsque le transporteur s’accapare la couronne sensée revenir au client, inutile de sortir les phrases du genre « chauffeur, pardon j’ai un billet de 1000 Francs », avant même que vous n’ayez terminé votre phrase il vous dira « montez avec la monnaie, sinon ce n’est pas la peine ». De quoi se demander lequel du client ou du conducteur est sensé fournir la monnaie à l’autre. Comment expliquer qu’un conducteur qui prend deux clients disposant de la monnaie, refuse en retour d’en prendre deux autres qui n’en ont pas, sachant bien que la monnaie des deux premiers peut être utilisée pour « libérer » les deux autres. Un conducteur expliquait à ce sujet que certains de ses collègues profitaient des heures de pointes pour se faire un stock de monnaie qu’ils utiliseraient plus tard. Difficile de comprendre la logique de cette attitude. A défaut de tomber sur un conducteur de bonne foi, une solution s’offre à vous; faire un achat pour « casser » votre billet.

Abidjan-circulation-lautreregard

Vous avez dit courtoisie ? N’y pensez même pas

Vous n’êtes plus le centre des intérêts car ayant perdu votre couronne. Et puis, pas besoin de vous faire un dessin, vous remarquez par vous-même que ce ne sont pas les clients qui manquent à l’appel. Alors évitez d’être trop exigeant ! Acceptez que l’on vous manque de respect, que l’on ne vous donne aucune réponse alors que vous essayez simplement de vous renseigner, que l’on ne vous dépose pas exactement là ou vous souhaitez descendre mais bien là ou l’envie du roi-conducteur vous emmène…

Acceptez car pour l’heure vous n’avez pas trop le choix. Vous aurez le cœur serré, le moral affecté mais tenez bon car très bientôt, ce sera votre tour. Votre couronne vous reviendra et vous pourrez rendre la pareille, cela à votre aise, quitte à présenter un billet de 2000 Francs pour régler une course de 200 Francs.

Et que dire de la conduite à ces heures, là aussi c’est une autre paire de manche.

*Gbaka  : Minicar de transport en commun 

*Woro-woro : Taxi communaux