7 novembre 2014
Abidjan : incursion dans une ville aux multiples facettes (2)
Avant, vous devriez jeter un coup d’œil à la première partie.
Fierté de la ville d’Abidjan, le Plateau est le Manhattan local. Avec ses gratte-ciels, ses hôtels de haut standing et ses restaurants feutrés, c’est le cadre rêvé pour tout technocrate désireux d’avoir, ou d’appliquer les bonnes habitudes dignes de l’Occident. Chacun ira de son avis. Les entreprises qui désirent avoir une certaine notoriété doivent être représentées dans la commune du plateau, commune stratégique pour les affaires. Mais ne vous y méprenez pas, au Plateau, l’on peut découvrir des réalités insolites.
De l’expertise à revendre…
À proximité de l’hôtel de ville se trouvent les deux jardins publics. Ces cadres sont agréables, on y passe de bons moments, la verdure aide à passer le temps dans la quiétude. De temps à autre, vous vous ferez ramener aux réalités d’Abidjan par de jeunes déscolarisés qui vous proposeront leurs services, vente de papiers mouchoirs, cirage de chaussures, vente de journaux . . . Entre ces deux jardins, se trouvent des spécialistes d’un art bien particulier : le pari en ligne sur les chevaux. En général, ces hommes affichent des allures qui laissent penser qu’ils ont déjà passé l’âge de la retraite. Sur leurs tables disposées méthodiquement, ils ont des bouquins, des bouquins spécialisés, acquis tout le long de leur longue expérience de parieurs. Avec eux, vos combinaisons ne seront plus jamais aléatoires. Ils vous aident à calculer, avec des méthodes bien à eux. Leurs méthodes marchent-elles ? Difficile à dire, toujours est-il que leurs clients les consultent encore et encore.
Une trop grande magnanimité…
Si vous vous engagez vers la rue des banques, vous risquez de tomber sur des individus qui, à première vue, ne font rien de particulier à cet endroit, ils sont pour la plupart d’entre eux, assis à l’ombre d’un arbre, attendant un éventuel nécessiteux envers qui ils feront prévaloir leur bonté. Ici ces individus sont appelés des « margouillats ». N’allez pas me demander pour quoi le choix de cet animal rampant, je ne saurais vous répondre. Personnellement, j’y vois plutôt une allusion faite au mot « magouille ». En effet, ces individus viennent en aide aux personnes qui se retrouvent dans des situations de difficultés financières, en leur octroyant des prêts. La particularité avec les « margouillats » se trouve au niveau du taux d’intérêt quand vient l’heure du remboursement. Ces taux peuvent aller jusqu’à 100 voir 150 % dans certains cas. Les moins chanceux se retrouvent dans des spirales desquelles ils ne ressortent jamais, allant jusqu’à remettre leurs cartes bancaires à leur, jadis, bienfaiteur. Les prochains retraits se feront désormais à deux. C’est aussi cela le plateau.
Service gratuit ?
Vous n’aurez pas de mal à vous faufiler entre les rues qui sont pour la plupart à sens uniques. Vous souhaitez vous stationner ? Les jeunes gens appelés communément « djosseur de nama » vous y aideront. Des fois, ils vous proposeront même des solutions que vous aviez déjà envisagées. Pas de panique, ils ne vous obligent pas à leur donner quoi que ce soit, laissez juste parler votre générosité, une pièce de 100 francs suffira. Comme dans la commune d’Adjamé, le plateau ne facilite pas la tâche aux nouveaux conducteurs, ici certains panneaux de signalisation qui n’existent pas ailleurs, feront leur apparition. Ouvrez donc grand les yeux.
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